samedi 18 juillet 2015

Une fille !

 

"Journal d'une accoucheuse"
de
Priyamvada N. PURUSHOTHAM

L'auteure 
Après des études de lettres, Priyamyada N. purushottam devient actrice de théâtre, puis enseignante de français à l'Alliance française de Madras. C'est par la poésie qu'elle aborde l'écrirure littéraire. Purple Line a été finaliste du Bhatt First Book Award 2012, récompensant un premier roman indien. Elle vit actuellement à Boston.





Mon avis

Quelle belle découverte ce roman qui se lit un peu comme un journal ou un docu-fiction, car il contient de nombreux détails de la vie quotidienne des indiens et leurs habitudes culinaires, mais aussi sur les nombreuses religions présentes en Inde. 
A l'instar de Simone de Beauvoir et de Jean-Paul Sartre, Mrinalini, jeune femme gynécologue, entretien une relation épisodique et libre avec Sid dans un pays où la femme est très loin d'être l'égale de l'homme et  au sein duquel les bébés de sexe féminin ne sont pas souvent les bienvenus. Passionnée par son métier qu'elle conçoit bien au-delà de la pratique de simples actes médicaux, Mrinalini s'intéresse de près à la vie de ses patientes qui sont pour bon nombre d'entre elles, prisonnières d'un mari, d'une religion, d'une belle-mère acariâtre ou d'une burqa... 
J'ai beaucoup aimé l'écriture de cette jeune romancière, que j'ai pourtant trouvée parfois un peu inégale. Son récit est limpide, son implication et son émotion palpables. Un livre à découvrir !


Extrait de la 4ème de couverture

 Jusqu’à ce cours de sciences naturelles où il lui a fallu disséquer une grenouille, Mrinalini avait décidé de devenir actrice, mais cette expérience a suscité en elle une tout autre vocation : elle sera médecin et mettra des enfants au monde.
Après des années d’études à Delhi puis en Angleterre, Mrinalini retourne à Madras afin d’y ouvrir une clinique de gynécologie. C’est à travers son récit que le lecteur fait connaissance avec six de ses patientes aux origines, âges et aspirations différents.
De l’infanticide des filles au viol, ou à l’avortement, c’est sous le signe de la sensibilité mais non sans humour que ce premier roman se confronte, avec une fraîcheur de ton inédite, aux graves questions de société qui affligent en profondeur l’Inde contemporaine.


Quelques extraits 

"On frappe à la porte, la première patiente vient d'arriver. D'autres suivent, et puis d'autres, telles des fourmis dans un pot de miel. Elles écartent les jambes et m'adressent un regard d'espoir ; j'aimerais, ô combien j'aimerais pouvoir leur donner des ailes"

"A l'âge de quinze ans, je serais mariée à un marchand qui en aurait trente. Je porterais ses enfants. Nous habiterions dans un deux-pièces avec sa mère et ses frères. Je serais la main qui fait se balancer le berceau, le sein qui nourrit les enfants et le vagin qui rend tout possible. 
Je ne serais rien du tout."

"Aristote a écrit que la femelle est femelle en vertu d'un certain manque de qualités et que nous devrions considérer le sexe féminin comme affligé d'un défaut par nature. Il pensait également que la terre était immobile et au centre de l'univers"

"En regardant ce corps juvénile immobile sur lequel opéraient mes mains gantées, j'eus la sensation que je lui enlevais sa féminité, que je lui volais ses entrailles avant même qu'elle ait fait l'amour pour la première fois. Mais je me rends compte maintenant que j'avais tort ; tout lui retirer ne l'empêcherait pas d'être femme, une femme vivante et pensante, car ce que nous sommes se trouve à l'intérieur de notre tête et non de notre corps."   

mardi 14 juillet 2015

Clandestin



Clandestin
d'Eliette Abecassis


Editions Albin Michel
Publication août 2003


L'auteur

Eliette Abécassis est née le 27 janvier 1969 à Strasbourg. Son père, Armand Abécassis, est un des professeurs les plus renommés du judaïsme, tandis que sa mère est psychologue pour enfants. Elle-même est pratiquante. Son éducation et sa vie sont imprégnées de la religion et de la culture juive.
Après des études en hypokhâgne et khâgne au lycée Henri IV à Paris, elle obtient une agrégation de philosophie à l'école Normale Supérieure.(source Babelio)



L'histoire commence ainsi...



Mon avis

Encore un livre que j'ai dévoré. L'écriture d'Eliette est tranchée, directe, parfois brève mais pourtant enrobée de sensibilité et de poésie.  
Elle nous raconte une histoire forte avec pour seul décor un train et le quai d'une gare et pour horizon quelques heures à la tombée du jour.
Un moment intense donc, où le destin d'un homme et d'une femme se croise. Des inconnus qui s'appellent du regard, des inconnus qui semblent se reconnaître...
Lui est "sans papier", elle travaille pour la Préfecture afin que la Communauté "cesse d'être une passoire".
Au-delà de cette histoire, j'ai ressenti l'émotion de l'auteure et bien évidemment aussi ses convictions que j'ai partagées...

4ème de couverture

"Alors il s'est dit qu'il avait jusqu'au bout du quai pour la séduire"


Quelques extraits

"Les limites sont les vôtres. Pas celles de la vie. Vous pouvez entreprendre tout ce que vous voulez, si vous le décidez. Vous êtes une femme libre dans un pays libre."

"Sans un mot, il l'avait pris dans ses bras. Les paroles sont faibles quand les yeux et les gestes s'expriment."

"Quels que soient les aléas de la vie, il y a le bonheur, il ne faut pas le manquer quand on sent qu'il frappe à sa porte, et cela, on le sent dès le premier regard."

"Elle se dit que c'est l'homme qui est proche de l'enfant, et non la femme. Car ils aiment jouer."

lundi 13 juillet 2015

Amours





"Amours"
de Léonor de Récondo
Éditions: Sabine Wespiese
Sortie : janvier 2015


L'auteur

Léonor de Récondo est née en France en 1976.
En plus d'être une violoniste talentueuse elle est aujourd'hui une écrivain reconnue.
Elle a publié en 2010 son premier roman, "la grâce du cyprès blanc" aux éditions "Le temps qu'il fait"

Puis elle change d'éditeur et publie chez "Sabine Wespieser Editeur" successivement en 2012 "Rêves oubliés" et en 2013 "Pietra Viva". 


L'histoire commence...




Mon avis

Une histoire qui peut paraître convenue et déjà vue à la lecture du résumé.
Ce qui pour moi fait la différence c'est incontestablement l'écriture de l'auteure. J'ai aimé la plume franche et directe de Léonor de Récondo,  mais aussi son analyse fine et précise.
Elle a donné vie à des personnages attachants, comme Céleste, la jeune bonne de 17 ans qui possède une force de caractère surprenante. Victoire, l'épouse malheureuse m'a séduite également par son inconstance, sa fragilité et curieusement aussi par sa détermination.
Si la maternité sert de lien entre les différents protagonistes l'enfant est omniprésent, elle n'est que le prétexte à une histoire d'amour qui se tisse en arrière plan.
La musique qui entoure ce livre est bien celle de l'amour. Je vous encourage à lire sa partition !

Résumé de l'éditeur
Nous sommes en 1908. Léonor de Récondo choisit le huis clos d’une maison bourgeoise, dans un bourg cossu du Cher, pour laisser s’épanouir le sentiment amoureux le plus pur – et le plus inattendu. Victoire est mariée depuis cinq ans avec Anselme de Boisvaillant. Rien ne destinait cette jeune fille de son temps, précipitée dans un mariage arrangé avec un notaire, à prendre en mains sa destinée. Sa détermination se montre pourtant sans faille lorsque la petite bonne de dix-sept ans, Céleste, tombe enceinte : cet enfant sera celui du couple, l’héritier Boisvaillant tant espéré.
Comme elle l’a déjà fait dans le passé, la maison aux murs épais s’apprête à enfouir le secret de famille. Mais Victoire n’a pas la fibre maternelle, et le nourrisson dépérit dans le couffin glissé sous le piano dont elle martèle inlassablement les touches.
Céleste, mue par son instinct, décide de porter secours à l’enfant à qui elle a donné le jour. Quand une nuit Victoire s’éveille seule, ses pas la conduisent vers la chambre sous les combles…
Les barrières sociales et les convenances explosent alors, laissant la place à la ferveur d’un sentiment qui balayera tout.

Quelques extraits...
"Victoire s'est levée et a pris un livre dans les rayonnages : Madame Bovary. C'est le premier livre qu'elle a lu après son mariage. Sa mère lui en avait toujours interdit la lecture, la jugeant trop inconvenante pour une jeune fille. Elle s'était empressée de l'acheter à peine mariée, et l'avait dévoré. [...] Quand elle avait entamé la lecture, dans le salon, Anselme l'avait regardée avec des yeux ronds : "Comment peux-tu lire ces balivernes?" Il avait même ajouté : "Ce livre est un ramassis de merde !" Elle en rougit encore."

"Ce premier soir, Victoire s'allonge de profil - tout son corps épouse celui de Céleste, couchée sur le dos, recevant l'enfant. Victoire blottit sa tête dans le cou de la jeune femme, et pose sa main sur son épaule. Tout est incroyablement chaste. Victoire écoute leurs respirations qui se mêlent. Elle est contre ce corps si beau qu'elle a vu dans sa chambre, et puis il y a son odeur, un parfum capiteux et âcre, quelque chose de piquant qui émeut ses narines. La découverte de l'autre."

"Dans la lumière feutrée de chez Maxim's, les amours se font et se défont dans l'indifférence la plus totale. Céleste et Victoire en ont franchi le seuil, passant de l'extérieur bien pensant, à un intérieur où la volupté dévoile la promesse d'une vie où l'on pourrait s'aimer sans contrainte."

dimanche 5 juillet 2015

Destins de femmes au coeur de la Bretagne


 "Trois ronds de fumée"

de Colette Vlérick


L'auteur

Colette Vlérick est née en 1951, dans une famille où se mélangent les langues et les peuples : de la Charente-Maritime au Nord en passant par l'Espagne, la Belgique et le Schleswig-Holstein.
Elle découvre le Finistère à 23 ans. Coup de foudre pour la beauté du pays et l'hospitalité de ses habitants, qu'elle n'oubliera jamais. Après un détour par Paris et la Suisse, elle trouve son port d'attache à Plouguerneau, où elle vit actuellement.
Traductrice de profession, elle publie, en 1998, La Fille du goémonier, son premier roman, qui sera récompensé par un grand succès en librairie et par le Prix Bretagne. Puis, au fil des années, paraissent Le Brodeur de Pont-l'Abbé, La Marée du soir, Le Blé noir, Les Terres chaudes, Rue Frézier et enfin, en septembre 2012, L'Herbe à la reine.
Les romans de Colette Vlérick témoignent tous de son attachement profond à la Bretagne, son pays d'adoption, et s'appuient sur des recherches historiques très pointues. Elle s'attache à faire revivre des métiers sinon disparus, du moins oubliés, à décrire des coutumes et une époque aujourd'hui révolues. (Source : Presse de la Cité)



Résumé de l'éditeur

Après celles d'Anna et Gabrielle, Colette Vlérick raconte la vie d'une troisième héroïne dont le destin est lui aussi lié à la manufacture de tabac de Morlaix au xxe siècle.

Anne-Marie, la petite-fille de Gabrielle, naît au début du xxe siècle, après trois garçons.
Sa mère, Julie, a épousé un négociant aisé de Morlaix qui fait faillite et disparaît dans un naufrage au large du Maroc où il espérait rebâtir sa fortune. Elle doit quitter sa belle maison et s'installe à Keranna tandis qu'Anne-Marie habite à Morlaix chez des amis de la famille pour poursuivre sa scolarité. Ses frères font leurs études à Paris, loin des commérages. Arthur, un cousin de Julie devenu le médecin de Locquénolé, épaule Julie et joue un rôle paternel auprès d'Anne-Marie. La guerre de 14-18 coûte la vie aux deux aînés de Julie tandis que la grippe espagnole emporte le troisième en 1919. Brisée, Julie meurt quelques années plus tard. Anne-Marie, en tant que soeur de soldats tombés au front, bénéficie d'un emploi à la Manufacture de tabac.
Quand elle prend sa retraite, elle devient à son tour « la dame de Keranna ».
Toute sa vie, comme sa grand-mère et sa mère, Anne-Marie a tenu un « journal de bord » dans lequel elle a consigné les événements de sa vie, privés ou publiques. Elle y décrit l'évolution des conditions de travail, les relations entre les ouvrières, l'évolution des mentalités, les transformations de Morlaix, de Locquénolé et de la Bretagne en général...


Mon avis
Si j'avais vu ce livre en librairie jamais mon choix ne se serait porté sur lui. Je trouve que la couverture ne rend pas justice à l'histoire qu'il renferme. L'image est belle certes, mais elle me fait plutôt penser à un magazine de jardinage ou de promotion pour des vacances à la campagne.
Voici donc dans quel état d'esprit j'ai débuté ce livre reçu dans le cadre de l'opération Masse critique Babelio. Pourtant j'ai aimé ce roman. L'écriture est simple, mais fluide et agréable. 
L'alternance des récits de femmes sur trois générations rend la lecture attractive et émouvante. Ces cahiers, confidents du temps passé de 1830 à 1980 renferment des histoires de vies qui pourraient bien être proches des nôtres.
Mon intérêt s'est accru au moment où le thème principal du livre s'est nettement tourné vers le féminisme. J'ai rencontré des femmes éprouvées par la vie, attachantes, mais tellement fortes ! 
C'est un roman de terroir au cœur de la Bretagne, qui laisse cependant la part belle à l'humain plutôt qu'aux lieux et ça j'aime !

La première page 





































Quelques extraits ?

"Soudain, tout prenait goût de "dernière fois". Julie ressentit un subit élan, un accès d'une rage de vivre qu'elle n'avait jamais éprouvée. Il fallait vivre l'instant présent, de toutes ses forces ! Il fallait aimer et dire aux gens qu'on les aimait."

"Anne-Marie consigna, en effet, les révélations de la journée dans son beau journal tout neuf, le ferma soigneusement et accrocha la clef à la chaîne de sa médaille de baptême. En s'endormant, elle eut la sensation de ne plus être tout à fait la même, d'avoir subitement vieilli, comme si partager le secret d'adultes - d'abord avec sa mère sur le vrai motif de ses trois jours d'absence scolaire et ensuite avec Arthur -  la faisait entrer dans leur monde."

Darkwind

Darkwind - Mécanique infernale

 Darkwind

Mécanique infernale - Tome 1

de Sharon Cameron

Titre original : The Dark Unwinding






Sharon Cameron est une romancière américaine, elle vit à Nashville dans le Tennessee.
En dehors de l'écriture, Sharon consacre beaucoup de temps à des activités bénévoles : elle est généalogiste, Présidente d'un groupe de théâtre, coordonnatrice d'une société d'auteurs et illustrateurs.
Elle est aussi une maman très occupée.


Bibliographie

2012 "The dark unwinding" T1
2013 "A spark unseen" - T2
2015 "Rook"






la 4ème de couverture
Titre original
Angleterre, 1852. Katharine est envoyée par sa tante et tutrice au manoir de Darkwind où vit son oncle Tulman. Elle doit prouver que celui-ci a perdu la raison et le faire interner pour qu’il cesse de dilapider la fortune familiale. À Darkwind, Katharine rencontre un vieil homme excentrique, mais surtout génial, qui se consacre à l’invention d’automates extraordinaires. Rares sont les privilégiés qui ont le droit de pénétrer dans son atelier. Parmi eux, Lane, son ombrageux apprenti et Ben, un brillant étudiant en sciences. Tous deux défendent farouchement Tulman par dévouement mais aussi parce qu’il fait vivre sur son domaine des centaines de personnes qu’il a arrachées à la misère. Bien vite, Katharine doute : l’héritage familial mérite-t-il qu’on y sacrifie son oncle et les familles qu’il protège ? A la demande insistante des domestiques de l’oncle Tulman, Katharine accepte de rester un mois à Darkwind avant de prendre une décision. Trente jours au cours desquels elle se rendra complice d’espionnage, échappera de justesse à la mort et tombera amoureuse… 



Mon avis

J'ai lu ce livre dans le cadre de l'opération "Masse critique Babelio".
Comme c'est un roman destiné à la jeunesse, je me suis impliquée dans l'histoire en tant qu'adolescente (enfin j'ai fait mon maximum !) afin de rendre ma critique la plus juste possible.
Ma première remarque concerne l'écriture de Sharon Cameron que j'ai trouvée très adaptée au public visé. Les descriptions sont précises mais ne s'étendent pas inutilement. Le rythme est plutôt rapide, les événements s'enchaînent  ce qui peut éviter l'ennui des jeunes lecteurs.
Ma seconde remarque porte sur le contenu : on se laisse facilement prendre par l'intrigue et par des personnages très attachants. La chronologie est cohérente et l'illustration des inventions extraordinaires de l'oncle loufoque est assez pertinente.
C'est un livre que je pourrais offrir sans hésiter, plutôt à une fille car ce roman m'a semblé d'une sensibilité plutôt féminine par son cadre et ses protagonistes. C'est romantique, légèrement gothique, un soupçon envoûtant et mystérieux. Il m'est arrivé aussi, au cours de cette lecture, d'avoir une petite pensée pour Jules Verne...
Pour conclure, j'ai trouvé ce livre très sympathique !

Le début de l'histoire...



Quelques extraits

"J'ai senti une pression sur ma nuque, impossible de savoir si c'était mes cheveux qui se hérissaient d'horreur ou bien ma propre main qui m'enserrait le cou."

"J'ai relevé la tête. J'avais raté le chemin menant au potager. Darkwind se dressait face à moi, dans toute son immensité, ses pierres ocre me renvoyaient les rayons du soleil en plein visage. Une brise violente soulevait mes cheveux dans mon dos."

Abbaye de Welbeck en Angleterre dont s'est inspirée Sharon