dimanche 3 janvier 2016

à la seconde près...


La septième nuit de Venise
Thierry Maugenest
Albin Michel - avril 2014

L'auteur


Thierry Maugenest est né en 1964.
Fin connaisseur de la cité des Doges, Thierry Maugenest a publié une dizaine de livres parmi lesquels Venise.net (Liana Levi, 2003) couronné par plusieurs prix littéraires, Les Rillettes de Proust (Hugo & Co). Il vit entre Aix-en-Provence et Venise.(Albin Michel)



Mon avis

Quand j'ai acheté ce livre, je pensais qu'il s'agissait d'un roman policier comme annoncé dans certaines critiques. Pour ma part, je l'ai vécu comme un roman d'aventures pour y avoir trouvé tous les ingrédients : un dépaysement total, des personnages bien campés, du mystère, du mouvement, des rebondissements, une intrigue intéressante et même un peu de piment avec quelques passages érotiques ! 
L'écriture très masculine de Thierry décrit aussi habilement les grandes richesses patrimoniales de Venise, que les us et coutumes du XVIIIe siècle de la cité des Doges. 
Ce roman bien documenté et très agréable à lire, comblera tout autant les amateurs de romans historiques que les lecteurs en quête d'évasion.

Résumé de l'éditeur

Venise, hiver 1727. Une invention destinée à révolutionner la navigation et à redonner à la ville son lustre d’antan est l’objet de toutes les convoitises ; elle est aussi à l’origine d’actions les plus noires, comme le sordide assassinat d’un brillant scientifique espagnol dont le cadavre a été retrouvé dans une des ruelles de la ville…


Pour mener l’enquête et protéger la précieuse trouvaille, deux personnages atypiques : Zorzi Baffo, membre de la Quarantia criminale, auteur à ses heures de contes érotiques, et son adjoint, un certain Carlo Goldoni, passionné de théâtre et futur génie de la comédie italienne. Mais tandis que la Sérénissime, craignant de tomber entre les mains d’une puissance étrangère, redouble d’insouciance et sombre dans l’excès au rythme d’un carnaval propice à tous les vices, l’assassin continue de sévir…

Bibliographie (extrait)




Un passage au hasard...


Quelques extraits 

"Et ce n'est pas à toi que j'apprendrai que le plaisir des sens n'est rien sans la poésie et le jeu de la séduction."

"Le cours de l'histoire se retourne rarement, pense-t-il, et il est hasardeux de renouer avec l'esprit de conquête alors que Venise est entrée dans ce qu'il considère comme sa septième et dernière nuit, celle du masque triomphant, celle de tous les excès, de la fête, du carnaval permanent, de la débauche ; autant d’éléments qui se trouvent aux antipodes de la discipline, de l'ambition et du dépassement de soi."

"Au temps de la suprématie de Venise, cette place était considérée comme le centre du monde. C'est ici, dans ce périmètre qui fait face à la tour de l'Horloge, que les Croisés sont rentrés victorieux de Constantinople, ou que Marco Polo, de retour de Chine, à révélé ses trésors aux Vénitiens."

samedi 2 janvier 2016

Les rayons de l'angoisse....




L'auteur


Henry Bauchau est né en 1913 à Malines,(Belgique),

Psychanalyste, poète, dramaturge, essayiste, romancier. Son oeuvre, dont l'essentiel est publié en France par Actes Sud, est aujourd'hui traduite dans toute l'Europe, aux Etats-Unis, en Chine et au Japon.




Résumé de l'éditeur

A Paris, dans un hôpital de jour, Véronique, une analyste, prend en charge Orion, un jeune adolescent gravement perturbé. Malgré ses difficultés, elle discerne qu’il est doué d’une imagination puissante et entreprend de l’orienter vers le dessin et la sculpture. Les chemins de l’art et ceux de la vie quotidienne sont semés d’incertitudes et d’échecs, mais dans ses “dictées d’angoisse”, Orion parvient à s’ouvrir à la parole et à mettre en mots ce qui le hante : la peur d’un démon de Paris, qui le rayonnise et le bazardifie...

Mon avis

Pour apprécier ce livre, je pense que le lecteur doit être inspiré par le sujet. Dans le cas contraire l'ouvrage peut paraître long. Dans ce roman, le lecteur est témoin de la thérapie mise en place par la psychologue d'Orion. Pas à pas, nous suivons les différents échanges entre la psy et son patient, les progrès, les échecs, mais surtout la formidable ténacité et l'implication sans faille de Véronique. Sensible à cet univers, j'ai beaucoup apprécié ce livre. L'écriture est accessible, l'ambiance générale du livre est fidèle à l'histoire si particulière qui est racontée. J'ai ressenti très fortement les interrogations, les doutes, les petites et grandes victoires, mais aussi la complicité entre les deux protagonistes. C'est une lecture marquante, à ne pas manquer !



Quelques extraits 

"Je suis, moi aussi, bouleversée par ce qui a eu lieu. Je ferme la porte, je me rassois, je me force à respirer longuement. J'ai été emportée dans
son délire. J'ai aimé sa violence, son malheur, son allégresse déchirante. J'y ai participé car il ne lui suffisait pas de pouvoir délirer librement, il avait besoin que nous délirions ensemble, comme nous l'avons fait déjà.  Était-ce une faute professionnelle de ma part ? Orion a répondu pour moi : On ne sait pas, Madame."

"Il me regarde de ses yeux naïfs, je vois qu'il me croit un peu, mais pas tout à fait. Il aurait préféré être comme les autres et ne pas devoir faire la grande action qu'il a faite alors, ni celles qu'il devra faire encore pour devenir lui-même. S'il y a un plus tard que la banalité quotidienne et le regard des autres n'éteignent pas."

"Il peint les yeux, la bouche et le nez qu'il a fait en creux de rouge vif. Il dit : "C'est terrible cette tête !" Effectivement elle me rappelle des terreurs enfantines et l'effrayante image de l'ogre. A cette époque je me réjouissais comme les autres de la victoire du Petit Poucet mais est-ce j'y crois encore ? Quand on passe tant d'heures, tans de jours en face de la psychose on ne peut s'empêcher de penser que l'ogre a bien des chances de triompher."