mercredi 17 février 2016

Le premier été - Anne Percin



Le premier été

Anne Percin

Editions La Brune


Née en 1970 à Épinal, Anne Percin vit en Saône-et-Loire où elle partage sa vie entre l’enseignement et l’écriture. 
Elle écrit à la fois pour la jeunesse et les adultes. 
Elle est notamment l’auteur à succès d’une trilogie pour adolescents, Comment (bien) rater ses vacances.



Mon avis

Cette histoire entre deux adolescentes en vacances chez leurs grands-parents s'annonce comme un roman tendre et léger.
Et Pourtant...
L'écriture d'Anne Percin, belle, limpide comme les yeux des enfants, raconte l'histoire d'une jeune fille pour qui les effluves sucrées des premiers émois et la désinvolture propre à son âge prennent un goût aux accents amers qui engendre progressivement un profond désir de résipiscence. Curieux et injuste mélange où la pureté et l'innocence flirtent avec la honte, la poisse et l'intolérance...
J'ai beaucoup aimé la plume de cette auteure, capable de mêler dans une même phrase poésie et cruauté : 
"Comme un blessé, à qui les coquelicots faisaient des blessures en fleurs."
Ce livre est un coup de cœur ! Il me semble tellement difficile de rapporter dans ce billet toute la justesse des émotions que ce roman contient qu'il me paraît bien plus pertinent de vous recommander de le lire... Et puis je n'aime pas trop en dire, c'est si bon de découvrir !

Un passage...



Résumé de l'éditeur

Deux sœurs se retrouvent une fin d'été en Haute-Saône, afin de vider la maison de leurs grands-parents décédés. Depuis longtemps, Catherine, la benjamine, se tient loin de ce village... 
Pourtant, chaque coin de rue ou visage croisé fait surgir en elle des souvenirs précis et douloureux. Sa sœur aînée a fondé une famille, elle, non. 
Devenue libraire, c'est une femme solitaire. A l'adolescence, déjà, elle passait des heures dans les livres. Mais pour ce qu'elle a vécu ici, l'été de ses seize ans, l'été de sa lecture du Grand Meaulnes, "il n'y a pas eu de mots. 
Il n'y en a jamais eu, ni avant, ni après. C'est quelque chose qui ne ressemble à rien d'écrit." Quinze années ont passé, et personne n'a jamais su quel secret la tenaillait depuis tout ce temps, le drame dont elle a peut-être été coupable. C'est une histoire d'innocence et de cruauté que nous raconte Anne Percin. Sensuelle et implacable à la fois, douce-amère comme tous les crève-cœurs de l'enfance.

Quelques extraits...

"Il venait d'apprendre la raison à grands coups de pied dans le cœur. Les leçons de courage sont des leçons de cruauté."

"J'avais perdu le fil qui me tirait vers l'âge adulte. Tu n'étais plus là pour me montrer la voie."


mardi 16 février 2016

A la trace de Carole Zalberg




A la trace
Carole Zalberg 

Editions Intervalles



Carole Zalberg est une romancière, parolière et critique littéraire née à Paris en 1965. 
Elle a notamment publié 
Chez eux (Phébus, 2004), 
Mort et Vie de Lili Riviera (Phébus, 2005), Et qu’on m’emporte (Albin Michel, 2009), 
À défaut d’Amérique (Actes Sud, 2012),
Feu pour feu (Actes Sud, 2014). 
Elle a reçu plusieurs prix littéraires dont le Grand Prix SGDL du Livre Jeunesse et le Prix Littérature Monde. 
Elle anime aussi régulièrement des ateliers d’écritures et des rencontres littéraires. (édition Intervalles)

Mon avis

Étourdie. 
Je referme ce livre étourdie par les émotions que je n'ai pas vu arriver et qui m'ont parfois submergées. 
Surprise aussi. 
Surprise par cette écriture qui évoque et  interroge plus qu'elle ne raconte, par ces bribes de récits claquées telles quelles, mais aussi par "ce petit monde", cette famille inconnue du lecteur qu'on aurait pourtant presque envie de tutoyer.
Pas de mots ni de phrases superflues. Juste l'essentiel. 
C'est un carnet de voyage en Israël mais aussi une errance dans la vie des autres, remplie d'interrogations qui peinent à trouver réponses.
Lorsque Carole Zalberg évoque son absence d'émotion devant le Mur des Lamentations, je comprends le "trop de noms peut-être". J'ai visité l'an dernier la Maison des enfants d'Izieu (le mémorial des enfants juifs exterminés) et je suis restée presque imperméable à cette liste déshumanisée. En revanche, j'ai été bouleversée par les dessins des enfants, par les lettres destinées à leurs parents et par les témoignages audio.
Ce livre n'est pas un livre d'Histoire, ni un énième ouvrage sur l’antisémitisme. C'est un récit sincère et profond sur les liens familiaux, sur les origines, sur les blessures d'hier et d'aujourd'hui d'un pays tourmenté, mais aussi un formidable appel à la tolérance et à la fraternité.
Merci à Babelio et aux éditions Intervalles pour ce livre que j'ai reçu dans le cadre de l'opération Masse critique, et surtout merci à Carole Zalberg pour son envie et sa capacité à partager.

La maison d'Izieu : http://www.memorializieu.eu/?page_id=2


Une page...




Résumé de l'éditeur


Carole Zalberg a passé, entre le 16 avril et le 16 mai 2015, un mois en Israël dans le cadre d’une mission Stendhal de l’Institut Français, pour un projet de fiction inspirée de la vie de ses trois cousins germains nés là-bas. C’était la première fois en 30 ans qu’elle revenait sur cette terre « magnifique et compliquée ».

Pour sa famille installée en Israël, c’était une évidence, elle viendrait un jour s’établir là, « chez elle ». Mais pourquoi envisager un exil si l’on n’éprouve pas le besoin de se mettre à l’abri d’une hypothétique menace ? Et une terre, quelle qu’elle soit, peut-elle vraiment être synonyme de sécurité ?
À travers ce journal de Tel Aviv, Carole Zalberg explore l’ambiguïté de son lien avec cette « terre promise » et interroge les malentendus d’une famille que l’exil rassemble et éloigne à la fois.

Quelques extraits

"A l'instant, le temps d'une sirène en mémoire des soldats morts au combat. Dans cette ville vrombissante, l'absence soudaine de tout mouvement ou bruit est particulièrement saisissante. Je me prends à rêver d'une telle sirène retentissant dans le monde entier pour chaque mort causée par les hommes. Mais on ne vivrait plus."

"Je l'ai trouvé un peu trop propret et luxueux, cet endroit, avec ses boutiques ultra-chics. A décourager les plus modestes des Telaviviens. Et ça m'a agacée comme si c'était ma ville et qu'en voulant l'embellir on la dénaturait."

"Mais mon petit-fils demande ce que cette injure, juif, signifie et son père lui répond qu'elle n'est rien et les effacés en moi se révoltent et je sais qu'en oubliant nous avons gagné l'ignorance et non la paix."

Aussi dans ma PAL : A défaut d'Amérique...

dimanche 7 février 2016

Le Chœur des femmes

"Le Chœur des femmes" de Martin Winckler


L'auteur (extrait du site de l'auteur)


"Mon nom est Marc Zaffran, je suis médecin généraliste (sous mon nom) et écrivain (sous le pseudonyme de Martin Winckler). 



J’ai passé ma thèse à Tours en 1982 ("Motifs de consultation en urologie", Dir : Pr Yves Lanson) et fait mon stage interné au CH du Mans en 1980-1981.

Je suis né en 1955 à Alger (Algérie), j’ai vécu ensuite brièvement en Israël (1961-62), puis de 1963 à 1973 à Pithiviers (45), de 1973 à 1979 à Tours (37) et, de 1979 à 2009, au Mans (72).

Depuis février 2009, je vis à Montréal (Québec) et je suis résident permanent du Canada.


Mon avis


Effet "Montage de russe". Voici ce qu'évoque pour moi le roman de Martin Wincker. 
C'est l'histoire d'une rencontre entre deux médecins atypiques : Le docteur Franz Karma qui bouscule le milieu médical par ses pratiques et ses convictions peu courantes et Djinn, jeune interne, dont le caractère affirmé, et les résultats brillants forcent à la fois l'admiration et la suspicion du chef de service

C'est par le biais de ce partenariat imposé entre le docteur Karma, chef de l'unité "Médecine de la femme" et Djinn que Martin Wincker dénonce les pratiques déshumanisées de ses pairs et plus particulièrement le manque d'écoute et de respect des gynécologues envers leurs patientes.

Le sujet m'a certes semblé très intéressant et les personnages plutôt sympathiques, mais il me semble que ce roman aurait pu être amputé d'au moins deux cents pages. Par ailleurs, les récits des consultations, répétés à l'envi ont dilué un peu l'histoire qui s'en est trouvée un peu "décousue" et privée d'une bonne partie de l'émotion qu'elle aurait pu susciter. 
Autre regret : le style. Même si pour donner du corps à son histoire, l'auteur a utilisé le langage familier des bancs de la faculté de médecine, des couloirs et des blocs opératoires, j'ai aimé moyennement les "putain de bordel de merde" et ses petits frères du même acabit.

Effet montagne russe donc, car j'ai beaucoup aimé puis je me suis lassée, puis j'ai à nouveau été emportée par ce roman témoignage profondément humain, et une fois encore un peu découragée par cette docufiction trop détaillée à mon goût !

Pour autant, je conseille vivement la lecture de ce livre pour son sujet très largement argumenté mais aussi pour les messages bienveillants qu'il contient, notamment sur le thème du troisième sexe. 


La première page...



Quatrième de couverture


Je m'appelle Jean Atwood. Je suis interne des hôpitaux et major de ma promo. Je me destine à la chirurgie gynécologique. Je vise un poste de chef de clinique dans le meilleur service de France. Mais on m'oblige, au préalable, à passer six mois dans une minuscule unité de «Médecine de La Femme», dirigée par un barbu mal dégrossi qui n'est même pas gynécologue, mais généraliste! S'il s'imagine que je vais passer six mois à son service, il se trompe lourdement. Qu'est-ce qu'il croit? Qu'il va m'enseigner mon métier? J'ai reçu une formation hors pair, je sais tout ce que doit savoir un gynécologue chirurgien pour opérer, réparer et reconstruire le corps féminin. Alors, je ne peux pas – et je ne veux pas – perdre mon temps à écouter des bonnes femmes épancher leur cœur et raconter leur vie. Je ne vois vraiment pas ce qu'elles pourraient m'apprendre.





La maladie de Sachs, prochain livre de Martin Winckler que je lirai !