"Ce sont des choses qui arrivent"
De Pauline Dreyfus
Edition Grasset – août 2014
L'auteure
Pauline Dreyfus est journaliste, écrivain. Elle est née le 19 novembre 1969. Elle est la petite-fille de l'écrivain journaliste Alfred Fabre-Luce et fille de l'avocat Tony Dreyfus
Elle est l'auteur d'une biographie de Robert Badinter.
Elle décroche le Prix des Deux Magots avec "Immortel, enfin" en 2012.
4ème de couverture
1945. Saint-Pierre-de-Chaillot, l’une des paroisses les plus huppées de
Paris. Toute l’aristocratie, beaucoup de la politique et pas mal de l’art
français se pressent pour enterrer la duchesse de Sorrente. Cette femme si
élégante a traversé la guerre d’une bien étrange façon. Elle portait en elle un
secret. Les gens du monde l’ont partagé en silence. « Ce sont des choses
qui arrivent », a-t-on murmuré avec indulgence.
Revoici donc la guerre, la Seconde Guerre mondiale, la guerre de
Natalie de Sorrente. A l’heure où la filiation décide du sort de tant d’êtres
humains, comment cette femme frivole va-t-elle affronter la révélation de ses
origines ?
Les affaires de famille, ce sont des choses qu’on tait. La littérature,
ce sont des choses qu’on raconte.
Dans ce roman où l’ironie est à la mesure du fracas des temps, Pauline
Dreyfus révèle une partie du drame français.
Mon avis
« Ce sont des choses qui
arrivent » est le deuxième roman de Pauline Dreyfus, le premier que je
découvre et qui m’a totalement convaincue.
J’ai été absorbée dès les premières pages, car j’ai trouvé le sujet
très original et superbement traité. L’occupation
vécue du côté de l’aristocratie est en effet un thème que je n’avais pas encore
rencontré dans la littérature.
A la mort de sa mère, Natalie de Sorrente, maman de deux enfants dont
le dernier né est le fruit d’une relation adultère (ce sont des choses qui
arrivent… ), doit faire face à une révélation qui va complètement bouleverser
sa vie.
L’écriture très précise de Pauline Dreyfus, notamment sur la période trouble du Gouvernement de Vichy est également empreinte de sarcasme, c’est un régal !
C’est un coup de cœur. C’est assurément un livre à lire si le sujet
vous interpelle.
Quelques extraits
Un jour qu’une cousine de son mari d’autant plus à cheval sur la
généalogie qu’aucun parti ne lui semblait à la hauteur de la sienne, lui avait
lancé : « Mais au fond, votre nom ne vaut rien ! »,
Elisabeth avait eu suffisamment d’esprit pour répondre « Pas au bas d’un
chèque… » - ce qui l’avait fâché pour toujours avec cette branche de la
famille.
L’époque n’est pas trop cruelle pour ceux qui ont les moyens d’en
contourner les rudesses. A Paris, on se passe les adresses de ces restaurants
du marché noir où l’on mange aussi bien qu’autrefois.
La préfecture de police est débordée. Chaque jour, les sacs de jute
apportés par les facteurs vomissent leurs mille cinq cents enveloppes. Ecrites
en pattes de mouche ou en élégantes lettres anglaises, signées « Une
Aryenne indignée » ou « Des voisins inquiets », ces lettres
anonymes dénoncent en vrac les francs-maçons, les trafiquants du marché noir et
bien sûr les juifs.
A Reims, des résistants locaux sont venus chercher Melchior de
Polignac. Il dormait encore dans son château des Crayères. Ces jeunes gens,
portant des brassards de fortune où les lettres FFI avaient été cousues à la diable, ne lui ont même pas laissé le temps
de s’habiller : c’est en pantoufles et en robe de chambre qu’on l’a emmené
en prison. Depuis, il a été transféré à Fresnes où il attend son procès. La
nouvelle n’a étonné personne, car ni lui ni sa femme, bien qu’elle soit
américaine, ne faisaient mystère de leurs sentiments germanophiles.
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