samedi 14 février 2015

Une lumière Irlandaise...

"Les trois lumières"
de Claire Keegan


Ce petit roman m'a touché. 
Il n'a pas été sans me rappeler le film de Jean Loup Hubert (1987)
"Le grand chemin" avec Anémone et Richard Bohringer.




Irlande - Comté de Wexford
Résumé de l'éditeur

Dans la chaleur de l’été, un père conduit sa fille dans une ferme du Wexford, au fond de l’Irlande rurale. Bien qu’elle ait pour tout bagage les vêtements qu’elle porte, son séjour chez les Kinsella, des amis de ses parents, semble devoir durer. Sa mère est à nouveau enceinte, et il s’agit de la soulager jusqu’à l’arrivée du nouvel enfant. Au fil des jours, puis des mois, la jeune narratrice apprivoise cet endroit singulier, où la végétation est étonnamment luxuriante, les bêtes grasses et les sources jaillissantes. Livrée à elle-même au milieu d’adultes qui ne la traitent pas comme une enfant, elle apprend à connaître, au gré des veillées, des parties de cartes et des travaux quotidiens, ce couple de fermiers taciturnes qui pourtant l’entourent de leur bienveillance. Pour elle qui n’a connu que l’indifférence de ses parents dans une fratrie nombreuse, la vie prend une nouvelle dimension. Elle apprend à jouir du temps et de l’espace, et s’épanouit dans l’affection de cette nouvelle famille qui semble ne pas avoir de secrets. Certains détails malgré tout l’intriguent : les habits dont elle se voit affublée, la réaction de Mr Kinsella quand il les découvre sur elle, l’attitude de Mrs Kinsella lors de leurs rares sorties à la ville voisine…



L'auteur

Claire Keegan est Irlandaise. Elle est née en 1968 dans une ferme du comté de Wicklow.
Faute de trouver du travail à la fin de ses études d’anglais et de sciences politiques, elle décide de participer à un concours d’écriture, c’est ainsi que commence sa carrière d’écrivain.
On retrouve généralement derrière chaque écrivain un « mentor » pour Claire c’est Tchekhov. Ce qu’elle admire chez lui c’est son intérêt pour les gens modestes, le retrait qu’il sait conserver vis-à-vis de ses protagonistes pour ne pas influencer le lecteur et le laisser librement glisser vers l’empathie. C’est pourquoi, celle qui «n’aime pas les excès» préfère écrire des nouvelles qui lui permettent de maintenir une intensité.

  



Mon avis 
Délaissée par ses parents, l'aînée d'une famille nombreuse est confiée sans ménagement et pour quelques temps à des personnes qu'elle ne connait pas.   
Derrière le cristallin d'une petite fille, avec des mots simples, des phrases qui s'écoulent avec une sincérité émouvante, l'auteur nous fait partager le destin, le temps d'un été, d'une famille éphémère. 
Je suis particulièrement admirative devant la prouesse de Claire Keegan qui parvient à emporter ses lecteurs au cœur de son histoire sans avoir recours à un vocabulaire châtié. Derrière cette "fausse simplicité" se cache un récit d'une intensité très forte.
J'ai beaucoup aimé la lenteur, la sérénité de cette vie qui s'écoule sans écueils. J'ai été sensible aussi devant le regard bienveillant porté sur la petite fille par "la femme" et "l'homme" le temps d'une moisson...
Ce livre est très court, mais tellement riche !


Quelques extraits

"Quand elle sort, la femme n'accorde pas la moindre attention aux hommes. Elle est encore plus grande que ma mère, avec les mêmes cheveux noirs mais les siens sont coupés net comme un casque."

"Je le regarde reculer, tourner le chemin et s'éloigner. J'entends le claquement des roues sur la grille pour le bétail, puis le changement de vitesse et le bruit du moteur qui remonte la route par laquelle on est arrivés. Pourquoi est-il parti sans même me dire au revoir, sans jamais préciser qu'il reviendrait me chercher ?"

"Tu n'es pas obligée de dire quelque chose, reprend-il. Pense que la parole n'est une nécessité en aucune circonstance. Nombre de gens ont beaucoup perdu pour la seule raison qu'ils ont manqué une belle occasion de se taire."  

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