dimanche 11 septembre 2016

L'amie prodigieuse



L'amie prodigieuse

TOME 1 - Enfance, adolescense.

Elena Ferrante - Gallimard / Folio



Elena Ferrante

Résumé de l'éditeur

«Je ne suis pas nostalgique de notre enfance : elle était pleine de violence. C’était la vie, un point c’est tout : et nous grandissions avec l'obligation de la rendre difficile aux autres avant que les autres ne nous la rendent difficile.» 
Elena et Lila vivent dans un quartier pauvre de Naples à la fin des années cinquante. Bien qu’elles soient douées pour les études, ce n’est pas la voie qui leur est promise. Lila abandonne l’école pour travailler dans l’échoppe de cordonnier de son père. Elena, soutenue par son institutrice, ira au collège puis au lycée. Les chemins des deux amies se croisent et s’éloignent, avec pour toile de fond une Naples sombre, en ébullition. 


Mon avis
La photo de couverture, au premier regard, laisse entrevoir deux petites filles rieuses, insouciantes, innocentes.
En y regardant d'un peu plus près... ce blouson semble un tantinet trop grand, les bottillons disgracieux, les coiffures mal soignées. 

L'environnement de Lena et Lila est celui de la misère des quartiers pauvres de Naples dans les années 1950. Une misère indéfectible qui contamine inlassablement les familles pour en faire des êtres durs, insensibles et violents. L'éducation devient un luxe dans cette mouise.
Pourtant, au milieu de ce monde rustre, sauvage et poisseux, une amitié forte va naître entre une petite fille calme et studieuse et une gamine crâne, intrépide et brillante.
Elena Ferrante donne vie à une relation vraie mais curieuse entre les deux enfants. Pour donner de la force à cette entente singulière, elle utilise un vocabulaire incisif, des phrases qui ne laissent aucune place au sentimentalisme et à la tendresse.
Bien au contraire, le lecteur plonge immédiatement dans l’âpreté du quotidien et dans l'agressivité latente. 
Avec cette auteure, ce n'est pas gratuit : l'amour, l'amitié, on les devine, on gratte, on fait une pause, on réfléchit un peu... oui ils sont bien là les sentiments, englués dans cette misère quotidienne où l'épanchement n'a pas sa place.
Quelle intensité !

Quelques extraits

"Si tu me payes, c'est moi qui me chargerai de lui faire suivre des études, disait Rino.
- Des études ? Pourquoi, j'ai fait des études, moi ?
- Non.
- Et toi, tu as fait des études ?
- Non.
- Alors pourquoi ta sœur devrait en faire alors que c'est une fille ?"

"Tout à coup les cris cessèrent, et quelques instants plus tard mon amie vola par la fenêtre, passa au-dessus de ma tête et atterrit derrière moi, sur le bitume.
Je restai bouche bée. Fernando se mit à la fenêtre, hurlant toujours d'horribles menaces à sa fille. Il l'avait lancée comme un objet.
Je la regardai consternée tandis qu'elle tentait de se relever et me disait avec une moue presque amusée : "Je me suis même pas fait mal !"
Mais elle saignait et s'était cassé le bras.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire