mardi 28 octobre 2014

Une belle histoire d'amitié à partager





« Un ciel de coquelicots » de Zohreh Ghahremani

(Traduit de l’américain par Marie-Christine Gamberini )
Editions BakerStreet – avril 2014

Livre que j’ai découvert grâce à Babelio dans le cadre de  « masse critique ».
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Revenons à ce qui m’amène aujourd’hui : le premier roman de Zohreh Ghahremani traduit en français !

Ce qu’en dit la 4ème de couverture

Dans les années 1960, l’Iran du chah Mohammad Reza Pahlavi est un pays politiquement divisé. Les failles sociales et politiques ne peuvent plus être ignorées et la contestation gronde. C’est dans ce contexte que va naître une belle amitié entre Roya et Shirine, deux lycéennes que tout sépare. Roya, fille d’une famille de notables, envie l’indépendance farouche de sa camarade. Mais Shirine garde ses secrets… Chacune de son côté, et de manière différente, va chercher à comprendre le sens de ce qui se passe autour d’elle et à définir son propre rôle dans les bouleversements en cours. Tout au long du roman, elles seront amenées à prendre des décisions qui peuvent à chaque moment entraîner leur perte.

Le climat menaçant de la crise qui précéda la révolution islamique pèse sur l’existence des personnages de ce roman où contexte politique, cheminement personnel et vie familiale sont inextricablement liés. Un récit poignant, plein de rebondissements et d’émotion, où amitié, poésie, répression, sacrifice et souffrance s’entremêlent. Sur la toile de fond d’une nation contrainte à rompre avec son identité profonde, Un ciel de coquelicots parle de culture, d’histoire et du pouvoir rédempteur de l’amitié et de l’amour.

L’auteure

Zohreh Ghahremani, iranienne vivant aux Etats-Unis depuis de nombreuses années, est l'auteur de trois romans dont un en langue persane. Voix de la diaspora irano-américaine, elle a publié des nouvelles dans de nombreuses anthologies, comme Tremors ou A Year in Ink, et plus d'une centaine d'articles dans divers magazines américains. Elle a obtenu le prix One Book, One San Diego 2012, de la Radio KPBS et des bibliothèques de la ville de San Diego.
Elle est invitée comme conférencière partout aux Etats-Unis. Elle a également enseigné à la faculté dentaire de Northwestern University, près de Chicago, où elle a exercé en cabinet. Elle vit aujourd'hui en Californie. Un ciel de coquelicots est son premier roman à paraître en français. 

Mon avis
Très contente de cette découverte. Comme on peut le lire en 4ème de couverture, ce roman est une belle histoire d’amitié entre deux jeunes Iraniennes issues de milieux sociaux très différents. Shirine est une musulmane pratiquante, forte, indépendante et pauvre. Roya, orpheline de mère, qui évolue dans un milieu favorisé, est condamnée à être essentiellement « la fille de son père », père auquel elle doit obéir sans concession.
« Le secret d’une véritable amitié consiste à tolérer ce que l’on ne comprend pas. » (p. 97)


Cependant, ce qui paraît parfois un peu surprenant et pourtant certainement très juste compte tenu de l’environnement protecteur autour de la jeune fille,  c’est le détachement de Roya au milieu de tout ce tumulte, de la persécution et la violence qu’exerce la police secrète du Chah.  Dans son récit, elle semble presque touchée « de loin ». Ce n’est qu’aux trois quarts du livre que j’ai vraiment perçu son émotion.
Pour conclure, je vous conseille vivement cette lecture, autant pour l’histoire de Roya que pour l’Histoire du pays !

Quelques extraits ?

« Pour voir beaucoup de choses, il faut apprendre à détourner le regard de soi : cette dureté est nécessaire pour quiconque gravit des montagnes. Mais celui qui cherche la connaissance avec des yeux indiscrets, comment pourrait-il voir au-delà du premier plan de quoi que ce soit ? »

« Il existe en chacun de nous une substance unique, commença enfin mon professeur préféré. Une matière brute que l’on appelle l’enfant. Pure et impressionnable, assez souple pour être modelée. Telle l’argile. » Ses mains façonnèrent dans le vide une masse imaginaire. « Malheureusement, dans la chaleur du four que nous nommons la vie, cette argile durcit et, avant d’avoir eu le temps de dire « ouf », on devient l’adulte immuable. » S’approchant de la fenêtre, il laissa son regard se perdre dans la contemplation du ciel, suspendu là comme un drap mouillé. «Lorsque l’adulte est mécontent du résultat, il peut revêtir toute une gamme de couleurs différentes pour déguiser sa véritable identité. Mais, tout au fond, l’argile durcie conserve sa vraie forme. »



« Deux gardes m’ont conduite dans une grand pièce au bout du couloir. Avant le début de l’interrogatoire, ils m’ont braqué une puissante lampe sur les yeux. A toutes les questions, j’ai juste répondu : « je ne sais pas. » L’un deux a déchiré l’arrière de ma robe et, quand le premier coup a cinglé mon dos, j’ai eu l’impression qu’une lame souple me tailladait la chair. Un cri m’a échappé mais, quand les autres coups se sont abattus à intervalles réguliers, j’ai pu me préparer. Le plus insupportable était l’indignité de tout cela. Je suis revenue à moi dans le silence de ma cellule sombre, la joue contre le sol dur, et j’ai roulé sur le dos pour laisser la fraîcheur du ciment apaiser ma douleur. »


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