samedi 20 décembre 2014

Les années folles et la peinture


 

Orgie - Chrysis Jungbluth vers 1925

Chrysis de Jim Fergus

Une lecture qui peut sembler à l’opposé de ma précédente lecture « Persuasion » de Jane Austen,  puisqu’elle évoque l’érotisme naissant des années folles et la liberté des mœurs de cette époque dans les milieux artistiques et intellectuels parisiens. 

Chrysis est bien évidemment plus sulfureux, mais on peut toutefois faire le parallèle avec le caractère des deux protagonistes qui sont des jeunes femmes qui, chacune à sa manière et selon son époque, se bat pour la liberté et l’émancipation de leur sexe.

Editeur : cherche midi – 2013



 

L’auteur 

Jim Fergus est né à Chicago en 1950 d’une mère française et d’un père américain. Il est diplômé de littérature anglaise au Colorado Collège. Il voyage beaucoup à travers le monde et s’installe dès le début de sa carrière comme journaliste écrivain indépendant.
Il signe son premier best-seller, Mille femmes blanches en 2000, vendu en France à près de 400 000 exemplaires. Il est également l’auteur de La Fille sauvage en 2004 et Marie Blanche en 2011.




Un extrait de la 4ème de couverture

Lié à l’œuvre de Chrysis Jungbluth par une histoire personnelle qu’il nous conte en préambule, Jim Fergus a romancé ici plusieurs années de la vie de cette héroïne passionnée et passionnante, à une époque unique de l’histoire du XXe siècle, où tout semblait permis.

 Bal Tabarin de Chrysis


L’histoire

Jim Fergus nous propose la vie romancée de Gabrielle Jungbluth, étudiante en peinture dans l’atelier du professeur Humbert à Montparnasse. Elle possède un caractère fort, une grande curiosité, et beaucoup de détermination. Ces qualités sont essentielles, car la jeune fille manque cruellement de liberté entre l’autorité de son père le Colonel Jungbluth et la rigueur de la pension pour jeunes filles dans laquelle elle loge durant ses études.
Cependant, elle parvient de temps à autre à échapper à la surveillance et profite de ces moments pour découvrir la vie nocturne parisienne.


C’est suite à la découverte du roman « Aphrodite » de  Pierre Louÿs, caché dans la bibliothèque de son père que Gabrielle devient « Chrysis » comme la protagoniste de cette œuvre scandaleuse de 1896 et qu’elle décide d’explorer de nouveaux horizons pour comprendre enfin qui elle est vraiment.




Parallèlement, l’auteur nous raconte l’histoire de Bogart Lambert dit « Bogey » un cow-boy du Colorado qui décide de venir combattre aux côtés des Français en 1916, ses péripéties sur le sol français et enfin sa rencontre avec Chrysis.


Mon avis

J’ai dévoré cette histoire inspirée de la vie de l'artiste Gabrielle Jungbluth née à Boulogne sur Mer le 23 janvier 1907, décédée le 3 mai 1989 en Martinique.

J’ai beaucoup aimé le personnage de Bogey le gentil cow-bow, que j’ai trouvé très sincère et attachant. Bien évidemment celui de Chrysis est tout aussi important, mais certains dialogues m’ont semblé peu crédibles ou simplistes, comme les passages érotiques qui manquent de dimension ou d’émotion, cela donne une impression d’un  récit assez plat et non de partage et de vécu.
Je pense que cela vient probablement du fait que l’auteur s’inspire d’une histoire vraie et qu’il manque de latitude pour faire vivre son personnage … 

Je recommande cependant ce livre, c’est un très bon moment de lecture parce que c'est également une très belle histoire d'amour. On rencontre aussi des peintres célèbres comme Georges Braque et Jules Pascin (Pascin qui se prend d’amitié pour la jeune femme, reconnaît son talent et l’aide à se faire connaître)






 "Nu aux bas noirs" de Jules Pascin

 
 " Pourquoi une femme est-elle considérée comme moins obscène de dos que de face, pourquoi une paire de seins, un nombril, un pubis sont-ils de nos jours encore considérés comme impudiques, d’où vient cette censure, cette hypocrisie ? De la religion ?" Jules Pascin


Quelques extraits de Chrysis

"C'était un cow-boy. Un cow-boy américain qui débarquait de son Grand Ouest à cheval, comme un personnage de cinéma."

"Zeus la prit par le bras et l'emmena dans un coin sombre de la pièce, où, dans la lumière des quelques bougies, elle parvint tout juste à distinguer le corps de trois autres personnages sur un lit recouvert de draps et d'oreillers blancs. Zeus défit la ceinture de la tunique, la fit passer par-dessus sa tête et la laissa tomber sur le sol."

"Je n'ai pas de préférences, dit Chrysis. Je n'ai pas eu le temps d'en bâtir. Je cherche des expériences. Je veux tout vivre."

2 commentaires:

  1. Ce livre me fait penser à Une vie meurtrière de Valloton avec ce contexte des milieux artistiques parisiens, ces femmes qui posent nus et ces peintres talentueux mais miséreux. Merci pour ta chronique et pour les tableaux de Chrysis et Pacsin, elle me donne très envie de lire ce livre, et d'en apprendre d'avantage sur ces peintres. Peut-être que cette lecture complèterait bien 1913 : chronique d'un monde disparu de Florian Illies que je suis en train de lire en ce moment ;)

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    1. Bonjour,
      Je ne connais pas "Une vie meurtrière", mais j'en prends note :)
      Tu peux sans hésiter te lancer dans la lecture de Chrysis, c'est vraiment un bon livre et on retrouve en effet l'ambiance des milieux artistiques de l'époque.
      Bonnes fêtes de fin d'année et bonnes lectures....

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