Orgie - Chrysis Jungbluth vers 1925
Chrysis de Jim Fergus
Une lecture qui peut sembler à l’opposé
de ma précédente lecture « Persuasion » de Jane Austen, puisqu’elle évoque l’érotisme naissant des
années folles et la liberté des mœurs de cette époque dans les milieux
artistiques et intellectuels parisiens.
Chrysis est bien évidemment plus
sulfureux, mais on peut toutefois faire le parallèle avec le caractère des deux
protagonistes qui sont des jeunes femmes qui, chacune à sa manière et selon son
époque, se bat pour la liberté et l’émancipation de leur sexe.
Editeur :
cherche midi – 2013
L’auteur
Jim
Fergus est né à Chicago en 1950 d’une mère française et d’un père américain. Il
est diplômé de littérature anglaise au Colorado Collège. Il voyage beaucoup à
travers le monde et s’installe dès le début de sa carrière comme journaliste
écrivain indépendant.
Il
signe son premier best-seller, Mille femmes blanches en 2000, vendu en France à
près de 400 000 exemplaires. Il est également l’auteur de La Fille sauvage
en 2004 et Marie Blanche en 2011.
Un
extrait de la 4ème de couverture
Lié
à l’œuvre de Chrysis Jungbluth par une histoire personnelle qu’il nous conte en
préambule, Jim Fergus a romancé ici plusieurs années de la vie de cette héroïne
passionnée et passionnante, à une époque unique de l’histoire du XXe siècle,
où tout semblait permis.
Bal Tabarin de Chrysis
L’histoire
Jim
Fergus nous propose la vie romancée de Gabrielle Jungbluth, étudiante en
peinture dans l’atelier du professeur Humbert à Montparnasse. Elle possède un
caractère fort, une grande curiosité, et beaucoup de détermination. Ces
qualités sont essentielles, car la jeune fille manque cruellement de liberté
entre l’autorité de son père le Colonel Jungbluth et la rigueur de la pension
pour jeunes filles dans laquelle elle loge durant ses études.
Cependant,
elle parvient de temps à autre à échapper à la surveillance et profite de ces
moments pour découvrir la vie nocturne parisienne.
C’est
suite à la découverte du roman « Aphrodite » de Pierre Louÿs,
caché dans la bibliothèque de son père que Gabrielle devient « Chrysis » comme la
protagoniste de cette œuvre scandaleuse de 1896 et qu’elle décide d’explorer de
nouveaux horizons pour comprendre enfin qui elle est vraiment.
Parallèlement,
l’auteur nous raconte l’histoire de Bogart Lambert dit « Bogey » un
cow-boy du Colorado qui décide de venir combattre aux côtés des Français en
1916, ses péripéties sur le sol français et enfin sa rencontre avec Chrysis.
Mon
avis
J’ai
dévoré cette histoire inspirée de la vie de l'artiste Gabrielle Jungbluth née à Boulogne sur Mer le 23 janvier 1907, décédée le 3 mai 1989 en Martinique.
J’ai beaucoup aimé le personnage de Bogey le gentil cow-bow, que j’ai
trouvé très sincère et attachant. Bien évidemment celui de Chrysis est tout
aussi important, mais certains dialogues m’ont semblé peu crédibles ou
simplistes, comme les passages érotiques qui manquent de dimension ou d’émotion,
cela donne une impression d’un récit
assez plat et non de partage et de vécu.
Je
pense que cela vient probablement du fait que l’auteur s’inspire d’une histoire
vraie et qu’il manque de latitude pour faire vivre son personnage …
Je
recommande cependant ce livre, c’est un très bon moment de lecture parce que c'est également une très belle histoire d'amour. On
rencontre aussi des peintres célèbres comme Georges Braque et Jules Pascin (Pascin
qui se prend d’amitié pour la jeune femme, reconnaît son talent et l’aide à se
faire connaître)
"Nu aux bas noirs" de Jules Pascin
"
Pourquoi une femme est-elle considérée comme moins obscène de dos que de face,
pourquoi une paire de seins, un nombril, un pubis sont-ils de nos jours encore
considérés comme impudiques, d’où vient cette censure, cette hypocrisie ?
De la religion ?" Jules Pascin
Quelques extraits de Chrysis
"C'était un cow-boy. Un cow-boy américain qui débarquait de son Grand Ouest à cheval, comme un personnage de cinéma."
"Zeus la prit par le bras et l'emmena dans un coin sombre de la pièce, où, dans la lumière des quelques bougies, elle parvint tout juste à distinguer le corps de trois autres personnages sur un lit recouvert de draps et d'oreillers blancs. Zeus défit la ceinture de la tunique, la fit passer par-dessus sa tête et la laissa tomber sur le sol."
"Je n'ai pas de préférences, dit Chrysis. Je n'ai pas eu le temps d'en bâtir. Je cherche des expériences. Je veux tout vivre."
Ce livre me fait penser à Une vie meurtrière de Valloton avec ce contexte des milieux artistiques parisiens, ces femmes qui posent nus et ces peintres talentueux mais miséreux. Merci pour ta chronique et pour les tableaux de Chrysis et Pacsin, elle me donne très envie de lire ce livre, et d'en apprendre d'avantage sur ces peintres. Peut-être que cette lecture complèterait bien 1913 : chronique d'un monde disparu de Florian Illies que je suis en train de lire en ce moment ;)
RépondreSupprimerBonjour,
SupprimerJe ne connais pas "Une vie meurtrière", mais j'en prends note :)
Tu peux sans hésiter te lancer dans la lecture de Chrysis, c'est vraiment un bon livre et on retrouve en effet l'ambiance des milieux artistiques de l'époque.
Bonnes fêtes de fin d'année et bonnes lectures....