dimanche 18 janvier 2015

un, deux, trois, un, deux, trois





L’invitation à la Valse

De Rosamond Lehmann


L’auteur

Rosamond Lehmann est née en 1901 à Bourne End (Buckinghamshire). Elle décède en mars 1990 à l’âge de 89 ans.
Elle fait partie des romancières anglaises qui traitent avec habileté et précision des sentiments intimes et des émotions secrètes. 
Rosamond a évolué dans un milieu favorisé et cultivé : sa mère était diplômée d’histoire et son père rédigeait des articles pour un journal satirique et était l’auteur de recueils de poésie.
C’est à l’âge de dix-sept ans qu’elle part à Cambridge pour faire ses études



Son roman « Poussière » (1927) sans être autobiographique, est largement inspiré de cette partie de sa vie. Ce livre considéré comme très osé pour l’époque à valu à Rosamond une notoriété immédiate et internationale.




La romancière épouse en 1928 le peintre Wogan Philipps et aura deux enfants : Hugo et Sally.
D’autres romans sont également inspirés de sa vie : «Intempéries » (1936 qui fait suite à L’invitation à la valse) où son héroïne Olivia doit faire face à l’échec de son mariage et devient la maîtresse d’un ami d’enfance  et « Une note de musique » dans lequel elle analyse le comportement et l’indifférence d’un couple



Comme pour Olivia, le mariage de Rosamond est un échec et elle deviendra la maîtresse notoire du poète Cecil Day Lewis. Ce dernier divorcera, mais hélas pour la romancière, le poète épousera une jeune actrice. Ce sera pour elle un affront et une blessure qu’elle aura beaucoup de mal à surmonter.





Un autre livre marquant est l’autobiographie « Le Cygne au crépuscule » dans lequel elle relate les émotions éprouvées  à la naissance de sa fille Sally et lors de son décès brutal à l’âge de 24 ans des suites d’une polio.




4ème de couverture

La relecture aujourd’hui de l’invitation à la valse, outre la parenté de son auteur avec le Valery Larbaud d’Enfantines qu’elle explique révèle assez bien le parfum de scandale qui entoura Rosamond Lehmann dans les lettres anglaises.
Car l’érotisme voilé de ce roman –qui ne déparerait pas une œuvre de Nabokov- emporte le lecteur dans un tourbillon d’humour et de sensualité qui ne finira jamais de tourner aussi longtemps qu’il y aura des jeunes filles en fleurs et qu’on se souciera de ce sentiment bien mystérieux et souvent pervers qu’on appelle l’amour.





Livres traduits en français

Poussière, Plon, 1929 (rééd. Phébus, 2009)
Une note de musique, Plon, 1931
L'Invitation à la valse, Plon, 1933
Intempéries, Plon, 1936 (rééd. 10/18, 1982)
Adieu chansons !, Plon, 1940
La Ballade et la Source, Plon, 1946
L'Enfant de la bohémienne, Plon, 1948
Le Jour enseveli, Plon, 1953 (rééd. Phébus, 2010)
Le cygne au crépuscule: Fragments de vie intérieure, Plon, 1968
L'Arbre de mer, Plon, 1978

L’histoire

Nous sommes  en 1920 à Little Compton. Olivia est la fille de l’héritier et ancien Directeur des papeteries de Tulverton, aujourd’hui à la retraite. Elle évolue donc dans un milieu favorisé, même si la guerre a largement contribué à la diminution de leur train de vie.
C’est un grand jour, celui de son anniversaire ! Elle recevra de ses parents pour ses dix-sept ans, un cadeau qui la comble : une soie rouge qu’elle confiera à sa couturière pour que cette dernière transforme l’étoffe en robe de bal.
Ce premier bal où elle doit se rendre avec sa sœur Kate et un cousin éloigné qui, selon les règles de bienséance, doit  les accompagner pour être leur cavalier.
Olivia rencontre lors de cette soirée des jeunes gens très différents les uns des autres. Elle se lie d’amitié avec certains mais fuit devant le comportement étrange d’un invité affublé d’un tic qui semble en savoir bien plus qu’elle sur la vie et les relations amoureuses…


Mon avis

J’ai trouvé ce livre intéressant et comme pour « Poussière » l’analyse est fine et ciselée. Si le sujet est léger, on ne tombe jamais dans la sensiblerie ou la mièvrerie avec cette auteure.
Sont relatés avec sensibilité, émotion, humour et même dérision, les rêves, les espoirs, l’exubérance, la naïveté,  la candeur mais aussi le début de la volupté et de la sensualité d’une jeune fille de dix-sept ans.
Olivia vit très fortement les différents épisodes de cette soirée comme on peut les vivre à son âge, et c’est en cela que je trouve Rosamond Lehmann brillante, car j’avais presque dix-sept ans quand j’ai lu son livre !


Quelques extraits ?

« - Cette jeune fille en vert, avec une petite cape, c’est ma sœur, dit Olivia.
Il n’allait certainement pas exercer sa critique  sur Kate. Celle-ci dansait pour le moment avec le docteur Parkes ; il l’examina d’un œil froid et incisif.
-  Hum !  La jeune fille chaste et pure. Une véritable nymphe. Une nymphe à l’eau de guimauve. Bon Dieu ! Il y a bien, dans toute cette salle, en fait de sex-appeal, juste de quoi émoustiller un canari ! Mais qu’est-ce que vous avez, ô vierges d’Angleterre ?




« Je me demande si je vais continuer ce journal. »
Et après une nouvelle pause : 
« Avis aux jeunes rédactrices de journaux intimes.
« Soyez indulgentes envers vous-mêmes. Cachez vos pires défauts, laissez de côté vos plus honteuses pensées, actions et tentations. Accordez-vous toutes les bonnes et intéressantes qualités que vous voudriez avoir, et que vous n’avez pas. S’il vous arrivait de mourir jeunes, quelle consolation serait-ce pour vos parents de connaître la vérité, et d’avoir à se dire : « Ce n’est pas une perle que nous avons perdue, c’est un pourceau » ? »

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