"John Bull sur le Guadalquivir"
Anthony Trollope
L’auteur
Anthony Trollope (1815 -1882) est un des romanciers britanniques les plus
célèbres, les plus respectés et les plus prolifiques de l’époque victorienne.
Plusieurs de ses livres se déroulent dans le comté imaginaire de Barsetshire et
demeurent ses œuvres les plus populaires, mais il écrit également d’excellentes
fictions sur la vie politique, ainsi que des testes qui témoignent d’un talent
remarquable pour l’observation psychologique. Il se distingue particulièrement
dans la peinture solidement charpentée qu’il sut brosser de l’Angleterre
victorienne, réinventée dans ses romans avec une force peu commune. (Edition L’Herne)
Anthony Trollope a publié son premier roman assez tardivement à l’âge de 32
ans.
En revanche, il a écrit 47 romans jusqu’à
l’âge de 67 ans. L’auteur s’infligeait une discipline stricte à laquelle il
ne voulait pas déroger et s’installait à sa table de travail tous les matins à
5h avant de partir travailler à son bureau des Postes à 8 h.
Ses romans ont connu un grand succès en
Angleterre mais il est encore peu connu en France, car peu traduit.
Les thèmes que l’on rencontre le plus souvent dans les œuvres de l’écrivain sont
: l’amour, le mariage, les relations avec les parents, l’argent, le pouvoir, la
politique, le patrimoine…
Haut fonctionnaire dans les Postes
Britanniques, il est célèbre pour avoir notamment introduit la notable boîte à
lettres rouge, un des symboles encore présent du Royaume Uni.
Boîte à lettres rouge introduite par Anthony Trollope |
J’ai découvert Anthony Trollope avec « Miss
Mackenzie », puis « l’Ange d’Ayala » dans lesquels j’ai
effectivement retrouvé les sujets récurrents énoncés ci-dessus : l’héritage,
le mariage, la dot, l’amour…
Quelques uns de ses livres traduits en français (liste non exhaustive)
- Quelle époque !
- Miss Mackenzie
- L'ange d'Ayala
- Le Docteur Thorne
- Rachel Ray
- Les Tours de Barchester
- Phinéas Finn
- L'héritage Belton
- Le cousin Henry
- Les enfants du Duc...
4ème de couverture
Rien n'aurait pu être plus agréable, ni plus gentil - je pourrais même dire
plus affectueux - que la manière dont je fus accueilli par Maria chez Mr
Daguilar. Elle se montra même trop affectueuse, à mon goût, et je me demande si
je n'aurais pas été plus satisfait de l'entendre s'exprimer avec davantage de
réticence et de la trouver moins encline à me saluer de façon aussi ouvertement
chaleureuse. En l'occurrence, elle m'offrit encore une fois sa joue à baiser,
en présence de son père, m'appela son cher John et me demanda tout spécialement
des nouvelles de quelques lapins que j'avais gardé chez nous uniquement pour
faire plaisir à une de mes jeunes sœurs ; et pour ne rien arranger, elle ne
semblait pas le moins du monde gênée par la nature particulière de notre
situation. Douze mois auparavant, je lui avais demandé de devenir ma femme, et
à présent, elle devait me donner sa réponse ; et pourtant, elle était aussi
sûre d'elle dans son maintien, aussi joyeusement sereine dans sa façon de
parler que si j'avais été un de ses frères revenant de pension.
Mon avis
Il s’agit de recueil qui regroupe quatre
nouvelles très différentes les unes des autres, mais dans lesquelles on
retrouve un ton très humoristique parfois même à la limite de la moquerie.
Ces nouvelles intitulées « John Bull sur le Guadalquivir », « La
crique de Malachi », « À cheval à travers la Palestine »,
« Les vestiges du général Chassé » permettent de se faire une première idée
du style de cet auteur, avant de se lancer dans la découverte des "pavés" de six-cents pages qu'il a coutume d'écrire.
La Mer Morte |
Son récit dénote
également une grande compassion pour ses protagonistes. Son analyse est faite
avec beaucoup d’humanité et il détourne certains travers avec ironie.
J’aime beaucoup l’écriture de cet
auteur. Je pense souvent à Guy de Maupassant quand je lis une de ses histoires, sans
doute en raison de l’époque ou de sa surprenante capacité à interpeller le
lecteur pour donner plus de dimension à ses personnages.
Ce que je trouve également comique chez cet auteur, c'est son étourderie, car il n'est pas rare de découvrir dans certains de ses livres (comme dans celui-ci et dans l'Ange d'Ayala) une note de l'éditeur qui précise que l'écrivain a annoncé quelques pages auparavant l'inverse de ce qu'il précise dans le présent paragraphe !
Je vous conseille vivement cette lecture. C’est divertissant, très bien
écrit, rythmé et franchement drôle !
Quelques extraits
« Qu’on affuble n’importe quel
Anglais d’un pareil costume et il aura aussitôt l’air d’un goret en armure. D’abord,
il n’aura pas une once de l’aplomb nécessaire pour le mettre en valeur, et
ensuite, les gesticulations de ses membres feront honte aux ornements qui les
cacheront. »
« Qu’on me permette de décrire le
groupe. Je ne voyais que de dos la silhouette la plus proche de moi. Un large
dos, engoncé dans une soie noire qui n’était plus de la première fraîcheur. La
personne toute entière était boulotte, si l’on me passe l’expression. La soie
noire ne descendait pas aussi bas que les robes telles qu’on les porte aujourd’hui,
elle n’avait pas non plus une aussi grande ampleur de jupe. Sous tous les
rapports, elle était chiche, compte tenu du volume qu’elle avait à couvrir, et
au-dessous de l’ourlet, je discernais les semelles de deux épais souliers et
une longueur de bas de laine noirs, assez importante pour que je fusse sûr de
ce que je voyais. »
« On rencontre à tout bout de champ
des hommes dont le seul contact vous rebute, sans même savoir à quoi est due
cette antipathie. Leur barbe est taillée d’une manière qui vous déplaît, ou
bien c’est leur façon de marcher ou de parler. Il existe, en revanche, des
hommes qui vous sont sympathiques d’emblée, et je dois bien dire que John Smith
me plut au premier regard. J’hésitai pourtant un bref instant ; car un voyageur
se doit de réfléchir un instant, avant d’accepter de se joindre à un compagnon
pour un voyage tel que celui que j’allais entreprendre. Ce jeune homme était-il
capable de se lever tôt et de rester en selle des dix heures d’affilée ?
Était-il capable aussi de vivre d’œufs durs et de cognac allongé d’eau ?
Accepterait-il de dormir sous la tente, au gré de nos déplacements, et de se
satisfaire de parcourir le désert, ni plus ni moins ? »
Encore une présentation bien alléchante d'un auteur que je n'ai jamais lu et j'en aurais presque honte vu tout le bien que tu en dis. Comment j'ai pu passer à côté ? Il a franchement tout pour me plaire. Tu aurais un roman à me conseiller pour commencer ?
RépondreSupprimerAh !! Si tu ne crains pas de te lancer dans un pavé (662 pages), l'Ange d'Ayala... :)
SupprimerLes pavés, je ne les crains pas. Donc merci du conseil :-)
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